La restauration des icônes.
Les icônes réalisées sur bois selon la technique de la peinture à tempéra (détrempe à l’œuf) ont pu être aux fils des ans soumises à un grand nombre d’actions destructrices : les sels exudés par les murs auxquelles elles sont accrochées, les attaques par les bactéries ou les insectes xylophages, de trop fortes différences d’hygrométriques entre le dos de l’icône au contact d’un mur extérieur et la face avant exposée à la chaleur des cierges et des lampes à huile, de grands écarts de température , l’humidification de la couche de levkas (enduit composé de colle d’origine animale et de carbonate ou de sulfate de calcium), des fissurations de la couche picturale lorsque les élément de garnitures métalliques (basma, riza et oklad) étaient fixés à l’aide de clous, les réactions chimiques se » produisant dans les garnitures métalliques. A toutes ces actions, se rajoute le fait que le vernis traditionnel, l’olifa, composé d’huile de lin, de résines et de sel minéraux chauffés qui à une tendance à s’assombrir peut en fonction des conditions noircir et masquer la couche picturale .
Puisqu’on ne pouvait pas envisager de jeter des images saintes, on tentait souvent de réparer ces dommages, et l’on profitait souvent de cette occasion pour adapter les anciennes images partiellement ou totalement au goût du moment.
Dés la deuxième moitié du 19ème siècle en Russie les collectionneurs avertis commencèrent à rechercher sous les vernis ou les repeints, les peintures plus anciennes. Dans un premier temps, de nombreuses pièces eurent à souffrir des méthodes de mis au jour. En 1904, la restauration de l’icône de la Trinité d’Andreï Roublev par le peintre Gourianov constitue une étape importante dans la réhabilitation des icônes anciennes. Sous le revêtement métallique qui couvrait entièrement l’icône, on découvrit une œuvre qui avait été repeinte totalement au 19ème siècle par les iconographes de Palekh. Il fallut détacher cette première couche et effacer les traces de deux autres du 16ème et 17ème siècle, en 1926 l’œuvre fut rétablie dans son aspect original. Cette restauration constituait la base d’une véritable école qui pendant des dizaines d’années contribua à la mise sur pied des nouvelles méthodes scientifiques dans les procédés et dans l’étude des techniques.
Parmi les principaux centres de restaurations, nous pouvons mentionner le Centre de restauration I. Grabar, fondé en 1944 à Moscou et qui rassemble 200 spécialistes. Parmi les restaurateurs de renom, nous pouvons citer Adolf Outchnnikov, auteur de nombreuses publications et conservateur du département d’iconographie, avec le Centre I. Grabar il a contribué à renouveler les études consacrées à l’Ecole des Stroganoff, grâce à la restauration des icônes de la cathédrale palatine de Solvytchegodsk. Nous nous devons aussi d’évoquer le département de restauration du KUMU, Musée d’art d’Estonie, et de remercier notre amie Sirje Säâr ainsi qu’Alar Nurske, tous deux conservateurs et restaurateurs.
La démarche du restaurateur.
Tout démarre par un diagnostic technique qui prend en compte toutes les parties composant l’icône :
– la ou les planches, avec présence ou non du kovtcheg (en russe, arche ou cuvette) qui est un léger creusement de l’icône destiné à recevoir la composition picturale, les chponkis, ce sont des clavettes de bois placées au dos de l’icône dans l’épaisseur de la planche ou aux deux extrémités et qui limitent la déformation du bois
– les éventuels éléments métalliques, basma, riza ou oklad
– la couche de gesso, que l’on appelle le levkas (du grec leukos, blanc) , la présence ou non d’une pavoloka qui est une toile de lin que l’on encollait sur la planche avant d’y appliquer le les couches de levkas
– la ou les couches de vernis
– la ou les couches picturales, examen à l’œil nu et avec des moyens de grossissement en lumière rasante, ultraviolette et si nécessaire étude sous binoculaire pour une approche stratigraphique des couches picturales successives.
Etude iconographique et stylistique.
En confrontant les éléments stylistiques et le type iconographiques aux éléments observés durant le diagnostic technique, nous pouvons proposer une datation relative de l’icône.
Les étapes de la conservation et de la restauration.
Chaque icône avec son histoire constituant un cas particulier, c’est seulement après cette approches nous pouvons aborder les différentes étapes de la conservation et de la restauration, en proposant le traitement le mieux adapté, pouvant comprendre les interventions s suivantes :
1- conservation et restauration du support bois
2- refixage de la couche picturale
3- nettoyage de la couche picturale
4- réintégration éventuelle,des parties manquantes
5- vernissage
Saints, Macédoine, Monastère de Trescavec, 17ème siècle. |
L’expertise.
Vous désirez mieux connaître votre icône, estimer sa valeur pour l’assurer ou la vendre, nous sommes à votre écoute pour l’étudier et vous fournir les renseignements que vous recherchez. L’expertise que nous fournirons comprendra à un diagnostic technique, une étude iconographique et stylistique ainsi qu’une estimation de la valeur de l’icône.